L'Emirat du Caucase se fissure

Le leader séparatiste tchétchène et « Emir du Caucase » Dokou Oumarov a dans une récente vidéo a « démis de leurs fonctions » quatre chefs de guerre qui avaient décidé, au mois d’août de ne plus lui obéïr, Aslambek Vadalov, Hussein Gakaev et Tarkhan Gaziev et Abou Anas, et demandé qu’ils soient jugés par un tribunal chariatique pour leur insoumission. L’ étalage sur internet de ces querelles internes en dit long, selon les experts, sur la désintégration du mouvement islamiste-séparatiste au Nord-Caucase.

Interrogés par Svoboda News, deux spécialistes donnent des interpretations différentes à cette rupture : selon le politologue Rouslan Martagov, « le djihad mondial prôné par Dokou Oumarov et ceux qui le soutiennent est en complète contradiction avec le sentiment national de la résistance tchétchène. Il est intéressant de voir que Kadyrov convient tout à fait aux adeptes du djihad mondial […] Sous Kadyrov, ils obtiennent ce qu’ils veulent – sortir la Tchétchénie de la juridiction russe et y implanter leur ordre islamique. Mais les [combattants] Tchétchènes sont sortis du djihadisme mondiale pour une raison simple : aujourd’hui, ils luttent contre le pouvoir usurpateur, imposé par le Kremlin à la société tchétchène. »

Un point de vue que ne partage pas Ivan Soukhov, de Vrema Novostei. « S’il en était ainsi, on n’aurait pas, parmi les commandants tchétchènes refusant d’obéïr à Dokou Oumarov, l’Arabe Amir Abou Anas, représentant au Nord Caucase le courant du djihad mondial. […] Curieusement, la presse oublie de mentionner qu’il fait partie des commandants qu’Oumarov a l’intention de faire juger, alors que dans la vidéo d’Oumarov, son nom est prononcé. […] Je pense que les deux camps du mouvement séparatiste caucasien après son éclatement vont lutter pour les mêmes idées. »