"Loujkov se hâte de devenir une victime du régime" (EJ)

Publié le par Podrujka

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photo EJ

 

Dans cet article , disponible dans son intégralité sur le site de EJ, Alexandr Podrabinek analyse la stratégie victimaire de l'ancien maire de Moscou Youri Loujkov après son limogeage par Medvedev.

 

«  Et il [Loujokov] s’est accroché. Certains, même parmi les gens intelligents, s’étonnent aujourd’hui de sa ténacité de son refus de démissionner. Ils pensent qu'il s'est conduit comme un vrai homme, comme un homme d’honneur. Ils lui attribuent de la dignité. Nimporte-quoi ! Loujkov n’avait pas d’autre solution, la seule était de rester au pouvoir. Seul, le poste de maire lui donnait l’immunité pénale. Abandonner ses fonctions, c’était risquer d’ atterrir en prison. Pas seulement parce qu’il était au sommet d’une pyramide de corruption, mais parce que sa femme avait un trop gros business, un morceau trop juteux. Une immense fortune, conjuguée à des motifs de poursuites judiciaires : quoi de plus tentant pour ceux qui rêvent de se payer les oligarques ! […] Il s’est défendu comme il le pouvait. Avec ses dernières forces. Par désespoir, il a écrit une lettre hardie au président. Il comprenait que rien de le sauverait, même la démission volontaire. Qui mieux que lui connaissait en effet les mœurs des habitants du Kremlin…

 

Il a choisi la seule voie qui, le pensait-il, pouvait le sauver – devenir une victime du régime. […] Loujkov sait ce qu’il faut faire, quand on est sûr de ne pas gagner, pour ne pas perdre complètement. Ne serait-ce que pour rester libre. Il faut faire semblant d’être dans l’opposition. C’est pour cela qu’il a écrit au président à la veille de son limogeage, une lettre dans laquelle il se pose en innocent outragé. C’est pour cela que le lendemain de son renvoi, il a annoncé qu’il était indispensable de revenir aux élections du maire [le maire de Moscou est actuellement nommé par le président]. Bien sûr, n’importe-qui peut comprendre que Loujkov ne pourra plus être maire. Mais en se présentant comme un opposant, il assure ses arrières – ce ne sera pas, le cas échéant, un voleur ou un corrupteur qu’on mettra en prison, mais un opposant politique d’un régime autoritaire.

 

Un plan conçu pour des idiots, me direz-vous ! Et bien, ça marche. Le leader de Iabloko Sergueï Mitrokhine a déjà fait part de sa décision de collaborer avec Loujkov pour demander le retour des élections pour le choix du maire. On verra bientôt, après Iabloko, les autres s’y mettre, oubliant le passé glorieux de Loujkov pour lui demander de s’associer à leur luttes politiques. Après tout, les démocrates ont bien fait l’impasse sur le national-bolchévisme de Limonov et manifestent bien à ses côtés. Attendons un peu qu’un procès soit intenté à Loujkov, et nous le verrons le 31 sur la place de la Victoire [jour et lieu des manifestations non autorisées de l’opposition], où il gagnera définitivement le statut d’opposant intraitable, persécuté pour ses opinions et non pour ses escroqueries et sa corruption. » [...]

Publié dans Pouvoir

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